L’Ombrière

Centre culturel et de congrès

Uzès, ville d’art et d’histoire, accueille un nouvel équipement porté depuis ses prémices par la Communauté de communes Pays d’Uzès. Situé à deux pas de la Place aux Herbes sur la route de Nîmes, L’Ombrière s’intègre à son environnement avec élégance et intelligence.

Vue 3D du parvis de L’Ombrière - Document © DE-SO

Vue 3D du parvis de L’Ombrière – Document © DE-SO


Un projet ambitieux

Le projet intercommunal de L’Ombrière a débuté en 2016 sous l’impulsion de Jean-Luc Chapon, maire d’Uzès à l’époque, qui exprima le besoin d’un nouvel équipement pour renforcer l’offre culturelle sur le bassin d’Uzège. Le territoire, très dynamique lors de la période estivale grâce aux nombreux festivals, manquait d’un lieu pouvant maintenir cette énergie tout au long de l’année.

Uzès se situant au centre du triangle d’or Avignon/Nîmes/Alès, le choix de l’emplacement de L’Ombrière s’est avéré en partie stratégique. La visite de nombreux équipements du territoire a permis à la Communauté de communes de recenser les besoins pour venir en complémentarité aux équipements existants du Département et de la Région. En effet, L’Ombrière a pour vocation de s’implanter à la croisée de différentes disciplines artistiques, d’usages et de publics. Une des volontés premières est de rassembler les habitants et de proposer un lieu adapté aux pratiques hybrides actuelles. De nombreuses formes artistiques pourront s’y représenter : musiques actuelles, arts de la rue, théâtre, danse, cirque, hip-hop, musique classique. Un autre enjeu important est celui de soutenir la création et l’émergence artistique à travers la mise en place de résidences et d’accueil du jeune public. Au spectacle vivant s’ajoute également une programmation de conférences et salons à caractère culturel. La multifonctionnalité du bâtiment vise à encourager des coopérations innovantes entre structures culturelles, associatives, éducatives, sociales du territoire intercommunal. Un programme très défini, complexe et captivant s’est ainsi présenté à l’équipe de maîtrise d’œuvre.

C’est l’agence DE-SO architectes qui a pris en main le projet, accompagnée par l’agence Art-Scénique pour la partie scénographique.

L’extrême polyvalence du lieu a demandé un grand investissement mais a aussi rassemblé de multiples entreprises et bureaux d’études. “C’est une aventure commune qui va se dupliquer dans son exploitation”, pointe avec enthousiasme Nadège Molines, actuelle directrice de L’Ombrière.

Après une période de construction mouvementée du fait de la crise sanitaire où le chantier a dû être suspendu pendant le premier confinement, le bâtiment est enfin livré en octobre 2020. Contexte sanitaire oblige, le lieu ne peut ouvrir tout de suite ses portes et commence son aventure en accueillant uniquement un public scolaire et des compagnies en résidence. À ce jour, le projet continue d’être soutenu par Fabrice Verdier, président de la Communauté de communes Pays d’Uzès et par Christophe Gervais, son vice-président.

Le Foyer - Photo © Alice Gianesini

Le Foyer – Photo © Alice Gianesini

Le Foyer - Photo © Alice Gianesini

Le Foyer – Photo © Alice Gianesini

Préserver l’enveloppe végétale

L’Ombrière s’implante sur le terrain d’une ancienne villa, Le Refuge, dont nous pouvons encore deviner les murets en bord de rue, intentionnellement conservés. Le projet a été conduit avec une attention particulière pour minimiser son impact environnemental. Le bâtiment est ainsi positionné au plus proche de l’emplacement de l’édifice précédent afin de toucher le moins possible à la végétation existante.

Une étude phytosanitaire a donc été menée pour repérer les arbres majestueux et préserver leur valeur patrimoniale et environnementale”, explique Sandrine Charvet de DE-SO architectes. D’autre part, la forme compacte de L’Ombrière a été pensée pour éviter les déperditions et la sur-imperméabilisation des sols. Un autre exemple parlant est que l’équipement mutualise son parking avec les structures sportives aux alentours dans le but d’éviter une nouvelle construction et bétonisation des sols.

C’est donc un volume minéral simple qui se dessine derrière de grands cèdres et feuillus. Son revêtement extérieur en béton sablé mêle le lieu à son contexte et fait écho aux tonalités chaudes de la Pierre du Gard. Une marquise en zinc prépatiné perforé identifie le lieu et rappelle la forme des toiles d’ombrage, protégeant ainsi une nouvelle place publique orientée Ouest. La courbure légère et éclatée de l’auvent dynamise la façade tout en venant ombrager une partie du parvis arboré. En soirée, les lettres de L’Ombrière viennent se déposer sur les tôles en zinc grâce à un gobo. Le nom du lieu, proposé d’ailleurs par l’équipe d’architectes, a tout de suite fait sens et fut adopté à l’unanimité.

Le parvis, nommé Les beaux jours, a vocation à accueillir des temps conviviaux et des manifestations pouvant aller du concert au spectacle de rue. Ce prolongement naturel du bâtiment, en harmonie avec la culture des places et des esplanades ainsi qu’avec la végétation environnante, répond à l’ambition de la maîtrise d’ouvrage de créer du lien avec les habitants tout en faisant vivre les espaces extérieurs du site.

La Fabrique - Photo © Alice Gianesini

La Fabrique – Photo © Alice Gianesini

Dans le prolongement de l’auvent

L’ombrage de la toiture fait le lien entre le parvis et l’intérieur de L’Ombrière. Nous pourrions ressentir un décalage, peut-être une sensation d’entrer dans un lieu sombre à l’image des bâtiments du Sud ; mais finalement, nous sommes accueillis par une sorte de grande verrière très lumineuse protégée par l’ombrière, haute de plafond et se déployant sur la longueur de l’édifice. Le système d’éclairage s’intègre discrètement en suivant les lignes inclinées de l’auvent. La régulation de la luminosité permet de profiter au maximum des jeux d’ombres et de lumière créés par deux ouvertures latérales et par la façade vitrée. Ces percées vers l’environnement arboré en font un lieu agréable où “nous ne nous faisons pas du tout aspirer par le béton”, précise Nadège Molines. Chaque espace est optimisé et pensé pour un confort des usagers. Ainsi, les lieux destinés au personnel, aux artistes ou au public bénéficient systématiquement d’un éclairage naturel et d’une vue vers l’extérieur. En revanche, les pièces “noires” sont dédiées au stockage de matériel technique.

Le Labo - Photo © Alice Gianesini

Le Labo – Photo © Alice Gianesini

Enfin, les murs épais en béton isolés par l’extérieur et le sol en béton quartzé confèrent au lieu une grande inertie. L’aspect brut du béton se marie simplement avec le bois utilisé pour le mobilier, l’agencement du bar et toutes les portes d’accès aux différents espaces.

Les deux salles de L’Ombrière se développent sur la longueur du bâtiment. Ainsi, leur accès depuis le Foyer (hall d’entrée) est intuitif. L’entrée à la salle principale de diffusion, la Fabrique, peut s’effectuer depuis trois portes principales en rez-de-chaussée mais également depuis un escalier et ascenseur menant à la partie balcon. Quant à la seconde salle, le Labo, son accès s’effectue uniquement en rez-de-chaussée. Le Foyer se comporte alors comme un unique vestibule.

Un volume simple et efficace

Le défi était de concevoir un bâtiment pouvant faire cohabiter des fonctions diverses tout en restant dans une économie d’échelle. “Nous avons cherché à être au plus juste en volumétrie par rapport au programme”, souligne Sandrine Charvet.

La Fabrique et le Labo composent le socle du lieu, une “boîte” rectangulaire extrêmement modulable dans sa longueur pouvant ainsi ajuster sa capacité d’accueil en fonction de la manifestation et atteindre quatre configurations pour accueillir douze à treize types d’exploitations possibles. En effet, les deux salles peuvent fonctionner de manière indépendante et simultanée, séparées par une double cloison créant un couloir acoustique servant également au passage des techniciens et des artistes. Les cloisons, entièrement rétractables, permettent, une fois repliées, de créer une seule et même entité sans ressentir la moindre division.

Cette multifonctionnalité et mutualisation d’espaces a impliqué plusieurs défis techniques relevés très intelligemment par les équipes de maîtrise d’œuvre. Tout d’abord, les scènes se trouvent toutes deux au niveau rez-de-chaussée, tout se joue au plateau. Ce dernier peut ainsi atteindre une surface maximale de 388 m2. La mise à niveau facilite notamment les chargements et déchargements qui s’effectuent par l’arrière du bâtiment côté Sud-Est. Le traitement acoustique et les installations techniques ont été pensés également en termes d’alignement et d’homogénéisation tout en laissant la possibilité aux salles de fonctionner indépendamment l’une de l’autre. “Il fallait trouver le bon équilibre pour que nous puissions tout faire”, souligne Nadège Molines.

Rez-de-chaussée - Document © DE-SO

Rez-de-chaussée – Document © DE-SO

La Fabrique

La Fabrique, d’une surface de 420 m2, constitue la salle de diffusion principale. “Elle est construite en prémur (préfabriqué toute hauteur) avec une isolation intégrée et finition extérieure dans le hall. Son revêtement alterne des panneaux en béton lisse et béton sablé”, précise Sandrine Charvet.

Ses 18,50 m de large et sa jauge de 494 places assises, dont douze PMR, en font une salle généreuse et accueillante. Conçue pour accueillir une large variété de spectacles, l’équipe d’architectes a choisi de se baser sur les normes des spectacles de danse, celles-ci étant les plus obligeantes. Cela allait également de pair avec le lien étroit entretenu entre L’Ombrière et la Maison CDCN (Centre de développement chorégraphique national). Ainsi, le parquet du plateau est réalisé en chêne noir mat, posé sur lambourdes, pour le confort des artistes.

En configuration théâtre frontale, un important gradinage télescopique de 345 places, conçu et installé par l’entreprise Hugon Tribunes, se déplie devant un espace scénique conséquent d’une profondeur de 9 m (pouvant aller jusqu’à 11 m) avec un dégagement sous perches de 8,20 m. Un balcon surmonte les gradins et offre 149 places supplémentaires à la salle. En situation de concert, la tribune peut se replier et ainsi atteindre une jauge de 847 places debout. “Il y a un bon équilibre entre la surface de scène et la partie gradin”, précise Yannick Sylvestre d’Art-Scénique, scénographe du projet. C’est là tout l’enjeu des salles hybrides.

L’esthétique de la Fabrique suit la ligne épurée du bâtiment. Le choix a été de ne pas lui conférer un noir absolu afin de permettre à la lumière naturelle de traverser la salle par de larges ouvertures latérales et ainsi apporter un second jour, illuminer agréablement tout le lieu lors de congrès ou salons. Un système simple de claustras est engagé lorsque le noir absolu s’impose. Encore une fois, tout est pensé pour une flexibilité des espaces avec simplicité.

La grande largeur de salle pourrait représenter un frein pour les technicien.ne.s ; or tout est facilité par des accès fonctionnels aux espaces techniques. Les passerelles (deux latérales et une transversale) sont accessibles depuis la régie située en fond de salle. La machinerie se compose de vingt-trois porteuses canadiennes électriques mobiles de 17 m de long avec un support de charge de 400 kg. À celles-ci s’ajoutent deux porteuses canadiennes fixes latérales. “Leur manipulation est très facile, ce qui rend très agréable notre travail”, explique Dorothée Dubus, éclairagiste intermittente. Afin de s’adapter à une configuration type concert, les perches peuvent arriver au niveau des premiers rangs des tribunes.
L’acoustique, conçue par le bureau d’études Altia, est assurée en partie supérieure par un bardage mural ajouré en bois, dans lequel sont insérés subtilement les spots lumineux de forme rectangulaire, en rappel à ceux présents dans le Foyer. Des dièdres acoustiques recouvrent la partie inférieure des murs. Le fond du plateau est délimité par une première cloison acoustique composée de seize panneaux amovibles montés sur un système sur rails avec empilement de huit panneaux sur les deux côtés. Ainsi “le son devient déplaçable et peut être aisément mutualisé avec la salle du Labo”, explique Yannick Sylvestre. Cette capacité technique à créer des espaces et sons modulables met habilement en exergue la nature transverse du projet. Cette géométrie variable invite à repousser encore plus loin les cloisons et à expérimenter toutes les configurations.

Coupe longitudinale - Document © DE-SO

Coupe longitudinale – Document © DE-SO

Le Labo

Le Labo se dessine dans le prolongement de la Fabrique. Ainsi, le revêtement mural et le parquet noir au sol sont identiques. Plus petit que la Fabrique, avec une surface d’environ 190 m2, le Labo s’adapte mieux à l’accueil de petites formes culturelles et artistiques. Dans son usage indépendant, il devient l’espace de réception/buffet lors de congrès et accueille diverses résidences artistiques, notamment de danse, ou des publics scolaires. Il est intéressant de noter que la surface du Labo se rapproche de celle du plateau de la Fabrique, permettant ainsi aux artistes de pouvoir répéter dans des espaces aux proportions identiques.

Si le bardage en bois se limite à la partie supérieure de la Fabrique, il tapisse cette fois toute la hauteur des murs latéraux. Un effet d’élévation est décuplé grâce à l’installation de luminaires insérés entre les tasseaux sur toute leur longueur. Cet habillage invite le regard vers le haut et laisse l’œil mesurer le volume de la salle, constater l’installation d’un important faux gril. Sa dimension de 17,90 m x 9,75 m (soit presque la surface de la pièce) permet encore une fois des configurations spatiales différentes auxquelles s’ajoute une qualité technique puisqu’il s’agit d’un gril motorisé piloté par six moteurs pour un poids de charge s’élevant à 6 tonnes. Le confort de la pratique artistique et la modularité de la salle sont de nouveau bien réfléchis et garantis.

Deux portes vitrées sur le flanc Sud permettent une connexion directe avec l’extérieur, ce qui en fait son point fort tant pour l’apport en lumière naturelle que pour la transversalité recherchée du lieu. La Ville n’ayant pas encore engagé les travaux d’aménagement paysager des pourtours de L’Ombrière, il faudra attendre encore un peu pour se rendre compte des usages de cet espace annexe.

Une simplicité ingénieuse

Une fois la cloison totalement repliée, la Fabrique et le Labo ne font qu’un. Alors, le champ des possibles s’ouvre et L’Ombrière se dote d’une salle d’une jauge de 771 places assises (ajout de sièges au parterre) ou de 1 470 places debout. Tous les équipements (plateau, son et lumière) et possibilités de modulation sont donc entièrement mutualisés. Ce qui est frappant à chaque configuration est de ne jamais avoir l’impression d’être dans une salle modulable. Nous nous laissons en effet surprendre par les potentialités du lieu qui se trouve être une boîte rectangulaire bien ingénieuse.

Plans des salles et capacités - Document © L’Ombrière

Plans des salles et capacités – Document © L’Ombrière

Une distribution spatiale fluide

Tout autour du socle Fabrique/Labo gravitent les autres espaces avec une attention particulière à la séparation des flux. Ainsi, l’accès aux salles s’effectue depuis l’arrière du bâtiment (côté Est) pour les artistes et les technicien.ne.s. Quant au public, il peut y accéder uniquement depuis le Foyer. Cette distribution de plain-pied simplifie et facilite la circulation des différents usagers du lieu.

En exemple, les deux loges de 30 m2 chacune communiquent l’une avec l’autre et donnent directement sur les entrées des deux salles, de même pour la zone du catering. Enfin, les espaces de stockage sont très faciles d’accès depuis les bureaux du personnel technique. Tout est conçu pour garantir des circulations simples.

Simple mais non simpliste

L’enjeu de distinguer L’Ombrière d’autres lieux polyvalents est tangible : un bâtiment dense, clair, ouvert sur l’extérieur, offrant les bonnes réponses techniques pour ses fonctions multiples. L’Ombrière remplit la feuille de route d’un équipement prometteur.

 

L’Ombrière à Uzès

Consultants

  • Contrôleur technique : Dekra 
  • Coordinateur SPS : Qualiconsult 
  • OPC : SARL Bernard Poissonnier

Entreprises

  • Machinerie : Tambè CEMS 
  • Tribunes télescopiques : Hugon Tribunes 
  • Éclairage de scène, sonorisation vidéo : Dushow 
  • Vrd/espaces verts : Rouméas 
  • Go-charpente métallique-métallerie : Darver 
  • Bardage métallique : Landragin 
  • Couverture zinc : SOP 34 
  • Étanchéité : L’Étancheur Gardois 
  • isolation thermique extérieure : Façades Chaarane
  • Plâtrerie, doublage faux plafonds : Monleau isolation
  • CVC : Cesbron
  • CFO-CFA : Amperis Énergies Languedoc
  • Menuiseries extérieures : Ducros 
  • Menuiseries intérieures : Ghezzi 
  • Cloisons mobiles : Dimater
  • Revêtements sols et murs : SGBC 
  • Peinture : B-Y PEINTURE 
  • Ascenseur : ACAF 
  • Office traiteur : Pertuis Froid 

Surfaces

  • Surface du terrain : 5 912 m2, hors parking
  • Surface plancher totale: 1 920 m2

Calendrier

  • Concours : avril 2017
  • Études (APS-PRO) : avril à novembre 2017
  • Consultation des entreprises : novembre 2017
  • Début des travaux : septembre 2018
  • Livraison : octobre 2020 (y compris deux mois d’arrêt en mars/avril 2020)

 

  • Cout travaux : 5,6 M€ HT
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