Repenser l’architecture d’un lieu de Culture où imaginer une programmation à son échelle
À l’heure où la Culture ne signifie plus que faire des économies dans nos Ministères, qu’est-ce qu’un lieu de Culture ? Alice Vivier enchaîne une deuxième saison à la tête de La Maison des Métallos, lieu qui appartient à la Ville de Paris. En repensant l’architecture du lieu afin d’être toujours plus proche des publics de son territoire, elle ouvre le paysage de ses partenaires en s’alliant à la Librairie Libertalia et tisse des liens en proche banlieue, et enfin donne les clés de son bâtiment au Festival d’Automne qui possède un rayonnement national, le temps du mois de septembre. Réouverture festive et circulation élargie, vous êtes les bienvenus à La Maison des Métallos !

Façade de La Maison des Métallos – Photo © Jérôme Lobato
Vous ouvrez la saison avec l’aménagement d’un nouvel espace dédié aux publics, pourquoi ?
Alice Vivier : L’accès à La Maison des Métallos se fait à travers une longue allée où s’élève un bâtiment imposant. Lorsqu’on n’est jamais venu ici ou même dans un lieu culturel, il peut être intimidant. L’objectif était vraiment de désacraliser l’accès à cette Maison et d’en faire un lieu dans lequel les gens puissent venir facilement. La nouvelle salle Rol-Tanguy, qui accueille l’espace billetterie-librairie, est ouverte sur la rue. Cet espace était jusqu’à maintenant plutôt un espace dédié aux relations avec les publics ou aux privatisations. L’idée était de faire en sorte que La Maison soit le plus accessible et ouverte possible à tous les publics, et notamment aux publics de territoire, aux gens qui passent, aux gens qui ne savent pas du tout ce qu’est La Maison des Métallos et ce qu’on y fait, ce qui est assez fréquent quand même encore.
Comment avez-vous investi cette nouvelle salle ?
A. V. : La nouvelle salle Rol-Tanguy a d’abord ouvert en juin en tant qu’espace d’accueil-billetterie. Il était alors possible de se renseigner sur l’activité de la maison, d’acheter des places en vue de la nouvelle saison dès le début de l’été. Depuis vendredi, le dernier volet de sa transformation est arrivé puisqu’elle accueille aussi désormais la Librairie Libertalia. La présence d’une librairie semblait faire sens par rapport à notre activité et notre volonté de désacraliser l’accès à une institution culturelle. Toutes les activités que nous développons est un appel à venir nous fréquenter, et nous nous efforçons à rendre les espaces confortables afin de s’y sentir bien, comme une volonté aussi fidéliser les publics.

Salle Rol-Tanguy avec Librairie Libertalia – Photo © Jérôme Lobato
Comment dessine-t-on un lieu de Culture aujourd’hui alors que son architecture initiale existe déjà ?
A. V. : Le bâtiment, le lieu, cette maison, son histoire, son quartier, ses jauges correspondent parfaitement à ce que j’avais envie de mettre en place dans un lieu culturel à Paris. Il y a vraiment une adéquation totale et géniale entre ce lieu et les circulations potentielles au sein du bâtiment que nous souhaitions. La qualité architecturale de La Maison, sa capacité modulable et ses nombreuses combinaisons d’espaces ont permis le croisement entre les publics et les artistes. Le projet que nous avons mis en place à destination de La Maison est assez simple : que les publics soient toujours plus nombreux, que tous les espaces rendent compte de la programmation qui est à la fois populaire, contemporaine et très pluridisciplinaire.
Comment avez-vous fabriqué cette nouvelle saison à l’échelle du lieu ?
A. V. : Avant ma nomination à la tête de La Maison des Métallos, nous avons présenté une candidature à la Ville de Paris où l’architecture du bâtiment était redessinée en cinq blocs différents. La première salle accueille les publics et donne directement accès à La Maison depuis la rue. La deuxième salle est un lieu plutôt de répétitions, mais aussi de relations avec les publics où il est donné des ateliers de pratique du théâtre notamment. Cette salle, qui possède une petite jauge de cinquante places, est aussi un lieu de représentation jeune public. L’espace de la buvette et du hall concentre la convivialité, il recevait le DJ set de Bagarre lors de la réouverture la semaine dernière. La salle noire est notre salle de spectacle plus classique qui accueille 250 personnes assises ou 400 debout. Lorraine de Sagazan, Leïla Ka, Marie Fortuit sont certaines des artistes invitées cette saison et s’installeront dans la salle noire le temps de cinq à dix dates. Enfin, la salle claire à l’étage accueille des événements de type concerts acoustiques ou performances plus hybrides.

Toutefois, juste après la réouverture, vous donnez les clés du bâtiment au Festival d’Automne. Comment avez-vous imaginé ce partenariat ?
A. V. : Le Festival d’Automne était déjà venu à La Maison des Métallos auparavant. Après ma nomination, nous avons réfléchit avec Francesca Corona, directrice artistique, à mettre en place un partenariat. Elle m’a ainsi présenté la Casa do Povo, Centre d’art vivant et militant de São Paulo au Brésil. D’un Festival réputé sans lieu, nous avons proposé au Festival d’Automne l’expérimentation de nouvelles formes de convivialité, et l’inauguration d’un QG pour la première fois de son histoire. La carte blanche donnée à la Casa do Povos’installera pendant presque trois semaines à La Maison des Métallos et exprime la sensibilité commune que nous portons ensemble avec le Festival d’Automne autour de la question du théâtre populaire. C’est l’occasion d’une réflexion quant au lieu de Culture qui génère des activités qui ne sont pas que des activités de création, comme l’installation d’un ring de boxe disposé à l’entrée, mais aussi un espace à destination des enfants, des ateliers de sérigraphie, des workshops. Nous donnerons ainsi vie à La Maison des Métallos via l’activité mise en place à la Casa do Povo à São Paulo à l’année. C’est un lieu qui est une maison, un lieu engagé avec une histoire forte, autant de choses qui nous relient.
La Revue AS célèbre aussi la rentrée littéraire et vous donne rendez-vous à la Librairie Libertalia à La Maison des Métallos afin de retrouver son numéro en cours et les prochains dès le mois d’octobre.