Brillante comme une Porsche, l’exposition “CURARA DE CARRERA Vol.3” est au DOC! à Paris

Lors de la dernière soirée du mois de novembre, dans l’ancien Lycée Jean Quarré à Paris où l’association DOC! est installée, avait lieu le vernissage de l’exposition itinérante Curara de Carrera Vol.3. Après un arrêt dans un centre commercial à Berlin en Allemagne au début de l’automne, elle signe la dernière étape de son aventure commencée dans une maison de Cracovie en Pologne au printemps. Un projet de lieux autogérés à l’audacieuse composition européenne qui fait de sa structure scénographique un socle d’expositions commun. Entretien croisé avec Alicia Zaton, porteuse du projet DOC! dans le cadre des expositions Curara de Carrera Vol.1-2-3 et Valentin Bigel, invité à faire la scénographie lumière au DOC! de Paris.

Vue de l’exposition CURARA DE CARRERA Vol.1 à Cracovie – Photo © Flavio Degen

Comment est né ce projet de collaboration d’exposition à trois têtes : +DÉDÉ à Berlin, C U AT SADKA à Cracovie et DOC! à Paris ?

Alicia Zaton : L’initiative vient de ma relation avec Agnieszka Szostek, artiste basée à Cracovie. Mon intention était de créer des échanges un peu plus internationaux avec des espaces qui ont le même esprit que le DOC!. Au début c’était un peu difficile parce que nous nous retrouvions uniquement derrière nos écrans, faisions des brainstormings mais c’est là aussi qu’est née cette idée d’exposition qui voyage. Nous avons défini comme base une exposition dont la structure portante ferait un liant entre nos trois espaces. La construction de cette structure entraînait forcément notre rencontre sur une forme qui allait réellement exister cette fois.

Vue de l’exposition CURARA DE CARRERA Vol.1 à Cracovie – Photo © Flavio Degen

Comment avez-vous fonctionné pour l’apparition de cette structure ? Où a-t-elle finalement été créée ?

Alicia Zaton : Nous avons fait des dessins que nous nous partagions. Il y a un artiste invité polonais aussi architecte qui nous a envoyé des plans. Nous avons beaucoup collaboré via un drive très riche, avec des moodboards, des références, des discussions infinies, des intentions, à la fois des références de livres politiques, d’autres plutôt iconographiques, d’histoire de l’art. Un organigramme commun s’est construit grâce à ce drive et la première fois nous avons fabriqué la scénographie à Cracovie. Nous avons choisi les plaques d’aluminium car c’est un matériau léger, fin et transportable. Et parce qu’il y avait vraiment l’idée du voyage dans chacune de nos villes, c’est la taille du coffre de la voiture d’Agnieszka qui a décidé de la taille des plaques.

Vue de l’exposition CURARA DE CARRERA Vol.2 à Berlin – Photo © Flavio Degen

A-t-elle fait l’objet d’une même idée de conception de Cracovie à Paris, en passant par Berlin ?

Alicia Zaton : La première scénographie était une forme linéaire en V inversé, sorte de triangle, et traversait deux salles en suspension où les œuvres étaient accrochées. Pour le vernissage, il y avait des performances en dessous formant une petite cabane avec des projections directement dans l’aluminium. Dans la maison, l’idée était d’empêcher le passage, d’obstruer l’espace. La circulation était un peu étrange de ce fait parce qu’il fallait sortir de la pièce et passer par un couloir pour visiter la suite de l’exposition.

Pour Berlin, l’idée de cette structure était un peu celle d’une carrosserie mais aussi d’habitat. Elle formait une sorte de toit de près de 10 m et structurait en diagonale l’espace. Nous avons donc agrandi la structure et décidé de faire aussi des fenêtres dans ce toit. Avec ce grand format il y avait un enjeu de circulation, mais la structure nous permettait aussi d’être portante d’œuvres. Elle faisait également un peu office de paroi laissant place aux performances de l’autre côté de la structure.

Vue de l’exposition CURARA DE CARRERA Vol.2 à Berlin – Photo © Flavio Degen

Ici à Paris, la collaboration s’est faite avec Valentin Bigel, artiste invité à faire la lumière de l’espace d’exposition. Nous avons observé les photographies des expositions dans les espaces de Cracovie et Berlin, et ses problématiques. Finalement, cette matière aluminium absorbait beaucoup la lumière, elle la réfléchissait et les œuvres autour paraissaient dès lors un peu opaques, un peu sombres. Du coup avec Valentin, nous avons décomposé la structure et utilisé les panneaux comme des réflecteurs suspendus. Au début, nous pensions faire un plafond très bas, venant ainsi transformer l’appréhension de l’espace. Finalement, nous avons installé trois panneaux distincts.

Vue de l’exposition CURARA DE CARRERA Vol.3 à Paris – Photo © Charli Boisson

Quelle a alors été ton approche de la lumière dans le cadre de l’exposition à Paris ?

Valentin Bigel : En voyant ces reflets sur ces plaques d’aluminium dans les éditions précédentes, notamment dans celle du supermarché de Berlin, alors que la matière était vraiment lisse, nous nous sommes dits que nous pourrions peut-être essayer de travailler cela. Nous avons dès lors posé un protocole assez radical : nous n’utiliserons aucune lumière directe dirigée vers les œuvres de l’exposition.

Concrètement, où sont installées tes lumières ?

Valentin Bigel : L’idée de la réflexion a fait que j’installe deux ponts techniques au plafond de la salle de manière à pouvoir accrocher plusieurs sources lumineuses à des endroits qui puissent globalement prendre l’espace, que nous ne soyons pas dans une pénombre. Au début donc, je travaillais seulement depuis ces ponts et puis finalement je me suis rapproché des panneaux, j’ai posé des projecteurs au sol et j’ai commencé à davantage maîtriser les réflexions. Ensuite, j’ai installé ces lumières à même la structure des panneaux dans la mesure où je pouvais jouer de la réflexion avant et arrière des plaques d’aluminium. En termes de scénographie, nous avons décidé que nous assumerions les sources de lumières visibles dans l’espace. Il a fallu éclairer des endroits et trouver des solutions pour réussir à envoyer de la lumière à certains endroits.

Vue de l’exposition CURARA DE CARRERA Vol.3 à Paris – Photo © Charli Boisson

Quelles sources as-tu ainsi utilisées ?

Valentin Bigel : J’utilise des sources qui viennent d’un peu partout. Il y a des PAR hexagonaux de théâtre classique, mais aussi des projecteurs de chantier que j’ai récupéré, des HMI, des sources avec des qualités de lumières différentes. J’ai aussi utilisé des petits F1 extrêmement directionnels qui ont un faisceau très net, très précis, cela marchait très bien dans l’aluminium. Ils me permettaient de caler mon faisceau et avec la réflexion d’éclairer une pièce sur un mur. De l’autre côté, un panneau LED ouvre tellement que j’ai été obligé d’installer à même la structure des panneaux d’aluminium des réflecteurs de manière à ce qu’ils n’arrosent pas la salle elle-même mais qu’il y ait un effet de réflexion à un endroit de la pièce. La plasticité de la lumière m’intéresse beaucoup et j’aime observer ce qu’il se passe au moment de la rencontre entre une lumière très chaude d’un PAR avec un panneau LED à la fréquence désagréable. J’aime explorer ces endroits et l’exposition a constitué un endroit de recherches vraiment intéressant.

Vue de l’exposition CURARA DE CARRERA Vol.3 à Paris – Photo © Charli Boisson

L’exposition Curara de Carrera Vol.3 est au DOC! – 26 rue du Docteur Potain dans le XIXe arrondissement de Paris jusqu’au dimanche 15 décembre.

Affiche CURARA DE CARRERA, Vol.3 – Photo © Valentin Bigel

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