Le Théâtre de Namur avait la volonté d’offrir à son public une nouvelle expérience d’écoute, en lui délivrant la meilleure cohérence spatiale et spectrale possible, quelle que soit la position des spectateurs au sein de ce théâtre à l’italienne construit au XIXe siècle. Après s’être rendu au Théâtre national de Chaillot à Paris, quelques mois après avoir entendu un concert inoubliable à la Cour d’Honneur du Palais des Papes durant le Festival d’Avignon, Patrice D’hautcourt, régisseur son au Théâtre Royal de Namur, était convaincu que ce type de système était la solution pour le Théâtre Royal de Namur. “Lorsque la musicienne joua les premières notes, bien qu’installée à mi-profondeur à jardin, j’étais absolument certain que ce que j’entendais était l’instrument ‘unplugged’ tellement son timbre et sa localisation étaient impeccablement naturels. En même temps, j’étais tout aussi sûr que ce n’était pas possible, car je connais le niveau sonore d’un clavecin, bien trop léger pour être entendu par tous les auditeurs dans ces conditions. Moi athée, j’assistais à un miracle… de technologie. Décalé à jardin, à 30 m de la source, mon cerveau me jurait qu’il s’agissait d’un concert acoustique, et il se trompait” se souvient-il, évoquant son expérience en Avignon.
Le cahier des charges d’un système de sonorisation spatialisé a pu ainsi être établi, pour aboutir au choix final d’un système HOLOPHONIX associé à des enceintes acoustiques Amadeus, dont certaines ont été développées sur mesure pour permettre une intégration raffinée au sein de l’édifice sans dénaturer son architecture, ni son identité. “À l’époque, la sonorisation tenait essentiellement en deux paires d’enceintes et subwoofers posés et installés au cadre, en plus de quelques rappels pour déboucher les zones des balcons les moins bien desservies. Il faut que je précise que le lieu est un magnifique théâtre à l’italienne classé et restauré à grands frais durant un chantier qui s’est étendu de 1994 à 1998. Vous voyez le genre : dorures dans tous les coins, rideaux coquets en velours, moulures compliquées, fauteuils bourgeois, fresque sous la coupole et tout le décorum que nous imaginons. Autant dire que nos stacks n’étaient rien de moins qu’un coup de poing dans la figure de ce chef-d’œuvre architectural”, évoque Patrice D’hautcourt.
Le système de sonorisation spatialisé maintenant déployé au Théâtre Royal de Namur se compose de 34 enceintes acoustiques Amadeus, contrôlées par un processeur HOLOPHONIX. 14 modules de rampes sonores réalisés sur mesure et baptisés Amadeus SR 790 NMR sont fixés en nez-de-scène et forment la ligne de front fill spatialisée. Chaque module est équipé d’un transducteur coaxial à deux voies incluant une membrane de 5,25 pouces. 6 enceintes coaxiales Amadeus C 12 forment une ligne supérieure suspendue au-dessus du plateau et pilotée par le processeur HOLOPHONIX en WFS. Au niveau des balcons, 4 enceintes triaxiales Amadeus C 15 ont été placées en configuration stéréophonique aux premier et deuxième balcons et 2 enceintes coaxiales Amadeus C 12 au troisième. Elles sont complétées chacune par un subwoofer ABB 12 pour rendre chaque ensemble parfaitement large bande. 2 subwoofers Amadeus ABB 18 sont positionnés au centre sous le plateau pour étendre la réponse du système en dessous de 70 Hz.
“Construit en 1863, le Théâtre Royal de Namur est un théâtre à l’italienne dans sa conception architecturale et acoustique. Le public est réparti sur cinq zones, dont quatre balcons en forme de fer à cheval. Fidèle aux principes hérités du XVIe siècle, son acoustique vise à amplifier naturellement les sources présentes au plateau et dans la fosse d’orchestre. Celles-ci sont naturellement amplifiées par la voussure de l’avant-scène, et dans la salle par la chaleur résonnante du bois, la finesse réverbérante des stucs”, évoque Francesco Papaleo, ingénieur en charge du support technique chez HOLOPHONIX. “Lors des phases de conception et de calibration, nous avons toujours cherché à tirer profit de cette architecture et à jouer avec cette acoustique, plutôt que de nous battre contre elle.”
“Nous avons imaginé deux systèmes en un, à la fois très différents dans leur philosophie et très complémentaires car répondant à des demandes, des usages et des besoins très différents. Dans les faits, cela correspond simplement à deux ‘presets’ dans HOLOPHONIX”, évoque Gaetan Byk, Président des sociétés Amadeus et HOLOPHONIX.
Le premier système, très traditionnel dans son design, consiste à exploiter le système de diffusion sur les trois niveaux répartis dans la hauteur, chaque point de diffusion étant parfaitement large bande jusqu’à 40 Hz. Ce système purement stéréophonique est couplé à la rampe de front fill pilotée en WFS. Ce système offre une qualité de localisation moindre, mais une précision spectrale, un niveau de pression et de couverture remarquables. Il est extrêmement simple d’usage et permet aux compagnies accueillies de travailler traditionnellement en gauche-droite. Le second système, qualifié de ‘Spatial FOH’, est quant à lui beaucoup plus innovant et offre des capacités de localisation avancées. Il exploite la ligne supérieure et la ligne de front fill. Ces deux lignes sont pilotées au moyen de deux bus WFS via HOLOPHONIX favorisant une parfaite recréation du champ sonore. Les renforts de graves latéraux et infra peuvent être ajoutés si besoin. Ce système est davantage optimisé pour le mixage objet, renforçant finement les sources acoustiques tout en maintenant leur localisation. “Perceptivement, ce système de diffusion disparaît totalement, au profit des sources acoustiques présentes au plateau”, précise Gaetan Byk. Et à Patrice D’hautcourt de conclure : “Nous avons aujourd’hui ici un système qui nous propulse dans la cour des créations les plus ambitieuses sur le plan sonore”.