Une robe vivante. Littéralement. Pour sa collection Sympoiesis présentée en juillet, la créatrice néerlandaise Iris van Herpen a collaboré avec le biodesigner Christopher Bellamy pour créer une robe contenant 125 millions d’algues bioluminescentes vivantes.
Comment cela fonctionne-t-il ?
L’algue utilisée (*Pyrocystis lunula*) brille naturellement quand elle est agitée – c’est son mécanisme de défense dans l’océan. Ici, elle réagit au mouvement de la personne qui porte la robe.
Les algues sont cultivées dans des bains d’eau de mer puis encapsulées dans un gel nutritif protecteur qui les maintient en vie pendant des mois. Le tout forme une matière flexible qui émet une lueur bleue électrique quand la danseuse bouge.
Développement fait en collaboration avec l’Université d’Amsterdam (Institute of Physics) – recherche de 9 mois sur la bio-réactivité de ces micro-organismes.
L’envers du décor
Maintenir la robe vivante demande un entretien constant : contrôle de l’humidité, de la température, respect du rythme circadien des algues. Pour le défilé, l’équipe a loué des camions réfrigérés et installé des alarmes d’humidité sous lumière rouge. La robe n’est pas “construite” au sens classique – elle est **cultivée**.
Au-delà de la prouesse
Van Herpen travaille depuis vingt ans sur cette fusion entre biologie et mode. Cette collection comprend aussi des robes en bio-protéines cultivées en labo (fibre japonaise biodégradable), des silhouettes inspirées de méduses “immortelles” et des collaborations avec des artistes pour des structures rappelant la vision microscopique des algues.
Le défilé était accompagné de sculptures lumineuses de l’artiste Nick Verstand – un écosystème visuel complet.
Pourquoi c’est intéressant
Parce que Van Herpen ne fait pas du biodesign pour l’effet “waouh”. Elle pose une vraie question : et si nos vêtements n’étaient plus des objets inertes mais des organismes avec lesquels on vit en symbiose ?
Dans une industrie de la mode qui parle beaucoup de durabilité sans rien changer fondamentalement, elle pousse le curseur jusqu’au régénératif. Des matériaux qui vivent, respirent, séquestrent le carbone.
Radical ? Oui. Applicable à grande échelle demain matin ? Non. Mais cela ouvre des pistes de réflexion fascinantes sur notre rapport au vêtement et à la nature.






