Le CCNR (Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape), victime d’un incendie criminel le 30 octobre 2017, rouvre après huit années de vie hors les murs. Inauguré en 1998 grâce à la chorégraphe Maguy Marin, le CCNR ouvre ensuite son nouveau bâtiment en 2006 dans une architecture bois signée Patrick Bouchain et Loïc Julienne. Depuis son arrivée en 2014, Thalie Lurault, en charge de la direction technique, ne connaît que trois ans dans ces murs. Récit de lourdes brûlures, perte de temps et d’argent, de ces longues années d’errance à l’heure où la résidence technique en temps de création chorégraphique est toujours plus recherchée. 

Façade Est du CCNR – Photo © Rémy Ebras

Le 20 février 2025 aurait été une fête, date symbolique de la réouverture publique du bâtiment du CCNR. Elle aurait été une vraie fête si elle n’avait pas été seulement partielle. Seule la partie rez-de-chaussée devient accessible et les bureaux sont réinvestis à l’étage. Elle aurait été une vraie fête si huit années ne s’étaient pas écoulées depuis l’incendie alors que l’estimation des expert.e.s et des assurances prévoyait une durée des travaux de onze mois.

Coupes – Document © Construire

Thalie Lurault, directrice technique du CCNR depuis déjà trois ans à l’époque, repose quelques mots au sujet de l’incendie : “La voiture en feu s’est engouffrée entre deux cloisons pare-feu à l’arrière du bâtiment depuis l’extérieur. Le feu est monté directement dans la toiture mais a très peu atteint l’intérieur et est resté coincé entre ces parois avant de détruire plusieurs poutres structurelles et de s’étendre à l’ensemble de la toiture au-dessus de la salle de spectacle. Seuls la salle de spectacle et le petit studio ont été réellement endommagés”.⁽¹⁾

Espace scénique – Photo © Rémy Ebras

Une année après diverses investigations, accords avec assurances et financiers, une maîtrise d’œuvre est nommée pour mener la reconstruction à l’identique avec un premier calendrier offrant une fin de travaux fin 2020. L’agence Construire, avec Loïc Julienne, est initialement retenue. Un projet ambitieux et pertinent voit le jour mais la réalisation se voit confiée quelques mois plus tard à une nouvelle maîtrise d’œuvre, l’agence Reciprok devenue aujourd’hui Neria Ingénierie. Le bâtiment est sécurisé et intégralement fermé au public, bien que seule une petite partie du bâtiment fût touchée. Il se passe ainsi tout le contraire des recommandations du Ministère faites au CCNR bien avant l’incendie fin 2015 qui voyait une plus grande ouverture vers le quartier. Si les objectifs d’un CCN (Centre chorégraphique national) s’écartent, l’équipe n’abdique pas.

Vue du plateau et des gradins rétractés de la salle de spectacle – Photo © Rémy Ebras

Ce label créé en 1984 par le ministère de la Culture, compte dix-neuf structures dont le CCNR. Elles consolident et valorisent les diversités de langages et de formes de la danse sur le territoire national et international. D’une mission de transmission de la culture chorégraphique à l’échelle du territoire, à celle de l’accueil de compagnies, l’équipe de l’ancienne direction de Yuval Pick, accompagnée de Thalie Lurault, a poursuivi ses actions : “Nous recevons tous les ans près de deux cent cinquante dossiers en vue d’accueils studio, dont la sélection retenue travaille soit dans le Studio de la Velette (ex-studio de Maguy Marin) qui a été mis à disposition par la ville, soit chez des partenaires de la Métropole comme Les SUBS de Lyon ou le Centre national de la Danse de Lyon. Nous avons poursuivi notre mission de création de pièces chorégraphiques aux côtés de Yuval, mais également nos événements et notre mission de médiation qui a largement été développée en étant hors les murs”.

Façades Est et Ouest – Document © Construire

En attendant que la “salle de spectacle” de 340 m² avec son gradin rétractable de 150 places et ses dix-huit perches motorisées sortent de l’eau (ainsi que les pigeons qui l’ont investie), le CCNR inaugure un nouvel espace de travail avec la création d’une fosse à 0,90 m laissant 3,20 m sous poutre. L’amélioration du rez-de-chaussée du bâtiment correspond ainsi à l“’espace scénique” de 190 m² qui compte huit perches de CMU 150 daN, laissant la possibilité d’un peu de scénographie et l’accroche de quelques projecteurs.

Vue du fond de scène de la salle de spectacle – Photo © Rémy Ebras

Bien équipé techniquement, le parc lumière, qui avait commencé sa mue LED, sera complété par un investissement mutualisé avec la Maison de la Danse et Les SUBS, avec le soutien de la Métropole de Lyon et une subvention de la DRAC. L’équipe du CCN fête ce nouvel espace de qualité, déjà investi par les danseur.se.s et le retour dans ses bureaux en attendant la réouverture totale prévue l’année prochaine, en avril 2026.