Manipulation poétique
Qui manipule qui ? C’est ainsi que nous pourrions aborder Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, conçue et mise en scène par Yngvild Aspeli dans une scénographie de François Gauthier-Lafaye. Un spectacle de marionnettes, comme si le titre de la pièce était illustré de manière littérale. Et pourtant, cette dramaturgie, portée par des marionnettes, nous révèle une nouvelle lecture de la pensée de Nora, l’héroïne, et pose un regard troublant sur une société de faux-semblants, où les manipulations sont le maître-mot de ce très beau et étonnant spectacle.
La pièce commence à l’avant-scène, devant un rideau noir, où Yngvild Aspeli, habillée en noire comme les manipulateurs des marionnettes, raconte la genèse de cette création. Un jour de pluie, un oiseau s’est cogné contre sa fenêtre ; elle s’est levée et a pris dans la bibliothèque le texte d’Ibsen. Elle se rend compte que l’avocat Hemler appelle sa femme, Nora, alouette ou étourneau ; de cet oiseau sort une petite poupée représentant Nora.
Yngvild Aspeli : Tout a commencé par le bruit d’un oiseau venu se cogner contre ma fenêtre. C’était un jour pluvieux et j’étais assise à ma table de cuisine, recroquevillée avec une grande tasse de café et un bon livre, quand j’ai