Une histoire familiale aux quatre-vingt-dix bougies

Régie de tirs PYRAGRIC – Photo © Rémy Ebras
L’été approche, et ses spectacles pyrotechniques aussi. PYRAGRIC, entreprise familiale basée en Auvergne-Rhône-Alpes, fête ses 90 ans cette année. Entre reconnaissance du milieu, développement de l’entreprise et mise en place d’un centre de formation, PYRAGRIC affronte de nouveaux défis en vue de l’approche du centenaire. Frédéric Cunsolo, pyrotechnicien passionné et chargé de la formation des futur.e.s, a connu le début de la professionnalisation de la pratique dans les années 2000. Il nous partage son expérience et ses années dans l’entreprise.

Bâtiment qui abrite le Centre de formation à Saint-Jean-de-Thurigneux – Photo © Rémy Ebras

Salle de classe du Centre de formation de PYRAGRIC à Saint-Jean-de-Thurigneux – Photo © Rémy Ebras
Comment est née l’entreprise et quelle est son histoire ?
Frédéric Cunsolo : C’est Paul Gruaz qui fabrique le nom PYRAGRIC en réunissant “pyrotechnie-agricole” en 1935. Dans le monde viticole, il s’agissait de faire la chasse aux orages grâce aux fusées anti-grêle et la chasse aux nuisibles telles que les taupes. Dans les années 50’, PYRAGRIC s’ouvre au grand public en commercialisant les premiers pétards et artifices. Dès 1960, l’entreprise devient autonome grâce à la création de nouveaux bâtiments de montage et de stockage à Rilleux-la-Pape.

Produits inertes – Photo © Rémy Ebras

Batteries en résine pour bombes – Photo © Rémy Ebras
C’est aussi l’année du quart de siècle de professionnalisation de la pyrotechnie. Comment s’est-elle mise en place en France et comment a-t-elle évolué depuis ?
F. C. : C’est la demande croissante de pyrotechnie qui a amené à la professionnalisation des artificiers. À l’époque, les pompiers du village tiraient notamment les feux du 14 juillet. Les maires se sont rendu.e.s compte que s’il.elle.s voulaient avoir un spectacle de meilleure qualité, il fallait des gens formés et c’est tout un ensemble qui s’est mis en route. En ouvrant un nouveau site à Saint-Jean-de-Thurigneux dans l’Ain, un centre de formation voit le jour dans les années 2000 afin d’enseigner l’art du montage et du tir ainsi que les règles essentielles de sécurité. La pratique et la formation changent lorsqu’en 2013, l’harmonisation de la législation au sein des membres de l’Union Européenne se dessine. C’est la Directive 2013/29/UE du Parlement européen et du Conseil du 12 Juin 2013 concernant la mise à disposition sur le marché de produits pyrotechniques qui est depuis la base de la réglementation que nous enseignons.

Distance de sécurité. Calculs issus de la formation PYRAGRIC – Photo © Rémy Ebras
Si nous restons du côté des évolutions, la dimension écologique s’installe à tous les niveaux de la société aujourd’hui. Qu’en est-il du côté de la pyrotechnie ?
F. C. : Les batteries et autres composants à destination de la protection des effets pyrotechniques sont d’origine chimique et génèrent donc une pollution. Grâce à notre bureau de recherche et développement, nous réfléchissons à réduire la pollution liée à la fumée notamment, qui peut être gênante depuis le site et notre régie de tirs.

Illustration d’un site de tirs lors de la formation PYRAGRIC – Photo © Rémy Ebras
Avec l’émergence de spectacles de drones et tous les outils que la R&D a développé, comment voyez-vous l’avenir de la pyrotechnie et ses innovations technologiques ?
F. C. : La pandémie liée à la COVID-19 a fait augmenter les prix en pyrotechnie. Il a fallu que nous réfléchissions et que nous concevions des spectacles d’une autre manière. C’est le positionnement des produits et non plus le nombre qui permet un renouvellement des projets. Du côté des innovations, comme les lasers à l’époque, les drones sont un effet de mode et vont s’éteindre comme ils sont venus. Les spectacles de drones sont niches. Si du côté technique, les drones sont à la pointe, ils ont leurs contraintes et l’une d’elle, tant mieux pour nous, est le prix excessif des spectacles. Ils ont aussi plein d’éléments contre eux, entre autres le nombre de batteries utilisées, la durée de celles-ci ainsi que de nombreuses pertes pendant le spectacle. En participant à des spectacles de drones, ce qui me gêne le plus c’est qu’ils ne fabriquent qu’une image qui vole, ils n’amènent pas d’émotion, contrairement aux spectacles de pyrotechnie qui en procurent à toutes les générations.