Chair du texte, corps de glace
En organisant la double incarnation (manipulateur/marionnette) de cinq des six personnages du roman de Virginia Woolf, l’adaptation mise en œuvre pour le spectacle (à peine 6 % du texte original) offre une version haïku des Vagues : à l’instar des marionnettes de glace qui fondent et des personnages qui s’effacent petit à petit, plus nous avançons moins il y a de texte. Il s’agit surtout pour Élise Vigneron de plonger dans un poème et, en apnée, de quitter les mots et de pénétrer Les Vagues par la sensation, la musique et les images.
“Le théâtre de marionnettes est au théâtre en général ce que la poésie est à la littérature. Sa conscience et son âme.” Roman Paska(1)
Le paradoxe magnifique de ce spectacle consiste en un objet scénique à la fois totalement autonome, voyageant avec ses loges (frigos), son sol (bassin), son cintre et sa machinerie, mais fragile, tributaire de chaque microclimat qu’il rencontre dans chaque lieu où il s’installe : température et taux d’humidité ayant une forte influence sur le corps de glace des marionnettes, tant pendant leur fabrication et leur mise qu’en spectacle. Pas de castelet chez Élise Vigneron mais un système