Le CO’Met

Un équipement trois en un

Réunir en un même ensemble architectural trois programmes événementiels, c’est le pari qu’a su relever le projet CO’Met. Situé à l’entrée sud de la ville d’Orléans, entre le Bois des Montées et la Départementale 2020, cet équipement de 52 000 m² affirme son identité et son rôle de marqueur urbain. Grâce à un travail de jeux de transparences, de fragmentations et de rythmes, les agences d’architecture Chaix & Morel et Associés et Ferrier Marchetti Studio ont su proposer un équipement multifonctionnel spatialement optimisé, tout en offrant une proposition architecturale inédite.

Palais des congrès, accès public, parvis - Photo © 11 h 45

Palais des congrès, accès public, parvis – Photo © 11 h 45

 

 

Notes

Une scène événementielle

Le CO’Met rassemble en un même ensemble architectural un Parc des expositions de 20 000 m² et un Palais des congrès de 9 000 m2 conçus par l’agence d’architecture Chaix & Morel et Associés, ainsi qu’une Aréna de 23 000 m² conçue par l’agence Ferrier Marchetti Studio accompagnée de l’agence Populous. Le concours de conception/réalisation est remporté en 2017 avec Bouygues Bâtiment Centre Sud-Ouest en tant que mandataire et entreprise générale. La volonté de la maîtrise d’ouvrage Orléans Métropole était de concevoir un bâtiment multi programmes venant s’installer dans la continuité du Zénith existant de 7 000 places. À travers ce projet, l’ambition de la Métropole est de redonner à Orléans son rôle de capitale régionale en développant son attractivité par le biais de l’événementiel. C’est le groupe GL Events qui a été sélectionné en 2022 comme exploitant du nouvel ensemble événementiel en plus de la reprise de trois autres équipements existants à Orléans, dont le Zenith. Cet effet “tout en un” est un atout majeur pour l’exploitant, leur offrant la possibilité d’accueillir des événements d’envergure et de positionner Orléans sur les scènes nationales et internationales.

Une architecture contextuelle

En arrivant par le centre-ville d’Orléans, l’ensemble architectural ne se dévoile pas au premier abord. Le volume de l’Aréna s’impose en premier plan, surprenant, voire inattendu dans ce contexte d’entrée de ville à dominance commerciale. Au fil de l’avancée sur le parvis urbain, l’intégralité de la façade se dévoile, identifiable par ses séquences de volumes blancs aux ondulations légères et aux lignes élancées. Côté Bois des Montées, l’arrivée par le parking de 1 400 places offre une tout autre expérience. Une promenade paysagée, pensée par l’agence de paysagisme TER, dévoile petit à petit l’ensemble du complexe au travers de grands arbres majestueux. La position particulière du projet, entre le Bois des Montées et la Départementale, confère au bâtiment un rôle de trait d’union entre ville et nature. Des percées visuelles, cadrages et vues en profondeur mettent en correspondance paysage et ville. L’accueil se fait par un auvent à l’air libre, accessible par les deux côtés, faisant office de trait d’union entre le Parc des expositions et l’Aréna qui se différencie subtilement par ses ondulations sur les quatre côtés de sa façade. Cet espace rassemble les entrées des équipements et les billetteries. Un jeu de répétitions de poteaux confère à cet espace une sensation de verticalité et une certaine monumentalité, rappelant celle des arbres du bois en arrière-plan.

Palais des congrès, foyer haut, niveau 2 - Photo © 11 h 45

Palais des congrès, foyer haut, niveau 2 – Photo © 11 h 45

Fragmentations

La contrainte de rassembler trois gros équipements sur un même site imposait une linéarité de façade de 445 m. Face à cette contrainte, les architectes ont fait le choix de travailler sur un ensemble de volumes fragmentés offrant des séquences et des rythmes à la façade. “Nous ne voulions pas qu’il y ait trois architectures différentes. Nous avons donc travaillé une façade unitaire afin de déjouer la massivité de ces bâtiments”, explique Jacques Ferrier, architecte. Ainsi une double peau, tel un voile léger, vient envelopper et unifier les volumes fonctionnels et techniques des trois équipements afin de créer un ensemble architectural inédit accentuant l’aspect événementiel du projet CO’Met.

Une façade identifiable

La façade entièrement blanche du projet se distingue par sa résille ondulée en mouvement. “Les ondulations se réfèrent à l’idée d’un drapé, évoquant le mouvement du fleuve, de la rive de la Loire, chère à cette Région”, explique Pierre Cornil, architecte et directeur général de Chaix & Morel. La façade ondulée est composée d’une résille en aluminium blanc dont la perforation a été précisément étudiée afin de créer des jeux de lumière en fonction de la journée et des saisons. La nuit, l’ensemble devient un repère urbain et se vêt d’un voile lumineux, telle une brume, grâce à une mise en lumière délicate conçue par l’agence BOA Light Studio. “C’est une architecture qui ne s’épuise pas au premier regard. Ce ne sont pas des images figées mais des images que nous redécouvrons et qui se renouvellent”, affirme Jacques Ferrier. En effet, en fonction de la lumière, la façade peut paraître totalement différente. Opaque, elle se laisse confondre avec le ciel nuageux ligérien ; transparente, elle donne une autre lecture en laissant entrevoir une structure tridimensionnelle sous-jacente. Cette structure rappelle les poutrelles scéniques ; elle porte la résille et se fixe aux murs en béton banché. Elle est pensée pour être vue, assumée et, selon la lumière, elle offre une épaisseur, un rythme supplémentaire à la façade. “Pour nous, c’est une peau épaisse et non juste un épiderme”, précise Pierre Cornil.

Résille extérieure, implantation en détails - Photos © Chaix & Morel et Associés

Résille extérieure, implantation en détails – Photos © Chaix & Morel et Associés

Des espaces d’exposition modulables

Les espaces d’exposition en rez-de-chaussée ont été pensés afin de permettre le plus de flexibilité et le maximum de scénarios d’usages possibles. Pour cela, les espaces servants regroupant les zones techniques sont disposés en couronne afin de rendre les espaces servis d’exposition les plus flexibles possibles. Ainsi, la grande halle de 190 m x 83 m peut atteindre en configuration optimale 15 000 m², mais peut également se décomposer en quatre halls différents. Les halls 1 et 2 ont une hauteur moins élevée de 7 m sous plafond car ils se situent sous l’emprise du Palais des congrès. Une cloison amovible acoustique permet de les rendre indépendants du reste du parc et de les relier directement à l’usage du Palais des congrès. Le restant du Parc d’expositions, composé des halls 3 et 4, impressionne par sa grande hauteur sous poutre de 12 m. Ces poutres treillis de 5 m de hauteur et 80 m de long supportent des passerelles techniques et permettent d’avoir des espaces d’exposition libres sans points porteurs intermédiaires. Afin d’alléger la toiture et sa structure, les éléments techniques sont placés sur les toitures des espaces servants.

Résille extérieure, éclairage architectural - Photo © Chaix & Morel et Associés

Résille extérieure, éclairage architectural – Photo © Chaix & Morel et Associés

Le Palais des congrès

L’entrée du Palais des congrès se fait par un grand foyer de 8 m de long en double hauteur généreusement ouvert sur la ville. Un escalator permet d’amener le public à l’étage supérieur où se trouvent une salle plénière, une salle de restauration de 1 200 m² donnant sur une grande terrasse et cinq salles de commissions mutualisables de 800 m². Une rue intérieure de 8 m de large, ornée d’un pan de mur ondulé en métal à maille assez fine de teinte bronze, permet l’accès à ces différents espaces. Tel un rideau d’avant-scène, cette résille joue avec une lumière douce et vient masquer la salle plénière. Le registre de l’ondulation se décline à une autre échelle une fois l’entrée de la salle plénière franchie. “Nous avons voulu jouer sur l’aspect enveloppant des parois, rester dans le thème de l’ondulation et ne pas venir proposer des éléments anguleux”, exprime Pierre Cornil. Les teintes chaudes grises des surfaces horizontales et les parois ondulées en bois rappellent les couleurs ligériennes. Ces couleurs se déclinent dans l’ensemble des espaces intérieurs du complexe et créent l’identité forte du CO’Met.

La salle compte en tout 1 011 places avec une première jauge à 500 places. Une grande scène de 200 m², d’une largeur de 18,70 m en fond de scène, 10,80 m de profondeur et une ouverture de cadre de 25 m, permet d’accueillir des conférenciers mais a également été pensée pour l’accueil d’un orchestre symphonique. “Accueillir un orchestre symphonique dans une salle de conférence, en termes d’acoustique, ce sont à peu près les choses les plus diamétralement opposées. Dans la salle de conférence, nous allons plutôt porter la voix de l’orateur et étouffer les autres sons, à l’inverse pour l’orchestre symphonique nous allons être sur une augmentation du temps de réverbération”, précise Pierre Cornil. Pour répondre à cette contrainte, le parti pris a été d’opter pour le système Carmen®, une technologie électroacoustique active unique issue des laboratoires de recherche du CSTB, avec un système de haut-parleur intégré aux parois permettant de travailler sur le temps de réverbération. Cette particularité technique confère à cette salle la capacité d’adapter son acoustique selon les événements.

Pavillon d’expositions, niveau rez-de-chaussée - Document © Chaix & Morel et Associés

Pavillon d’expositions, niveau rez-de-chaussée – Document © Chaix & Morel et Associés

L’Aréna, une salle modulable

Le Palais des congrès est en communication directe avec l’Aréna grâce à une passerelle surmontant le parvis d’entrée, permettant ainsi de nombreux scénarios d’utilisation des trois différents programmes. L’Aréna, d’abord destiné à un usage sportif unique, s’est étendu à du spectacle afin d’agrandir les plages horaires d’occupation des installations. “L’Aréna n’est pas dans une configuration identique quand nous accueillons un événement sportif ou un spectacle. […] Les dimensions du parquet, les besoins en matière journalistique, de puissance électrique, de tribune, de sécurité font que nous devons être en capacité d’aménager la salle parfois dans la nuit”, explique Paul Sechaud, directeur général d’Orléans Events. Ainsi, afin d’adapter rapidement les jauges en fonction des sports ou des spectacles, la salle de 10 000 places assises en jauge maximale peut se moduler grâce à un système de tribunes amovibles comprenant 2 104 places télescopiques et 896 places démontables. Le parterre peut alors atteindre une dimension maximale de 38 m x 68 m une fois les tribunes repliées et enlevées. Ce dispositif permet donc une multiplicité de configurations sportives. En disposition spectacle, la scène est adaptable selon la scénographie et donne la possibilité d’une configuration de scène centrale ou d’une configuration tri frontale. De plus, un système de rideau de jauge cachant la volée haute de la salle permet également de faire une demi-jauge à 5 000 places et d’adapter la scène en cas d’événements de faible affluence.

Plan de situation - Document © Chaix & Morel et Associés

Plan de situation – Document © Chaix & Morel et Associés

L’effet “chaudron”

L’inclinaison et la géométrie des gradins résultent d’une demande du club de basketball résident d’avoir un effet “chaudron” caractéristique des matchs de basketball. Cet effet permet de provoquer une émulation des spectateurs et des joueurs liée au fait de la proximité des gradins avec le terrain et donne un côté événementiel aux matchs, accentué par la présence d’un cube suspendu offrant un écran à 360°. Ce cube permet d’apprécier les matchs grâce au système de “scoring” ou “kiss cam” et se rétracte en hauteur en fonction du type de sport représenté. L’inclinaison des gradins offre non seulement une visibilité maximale aux spectateurs mais permet également l’optimisation des espaces sous les tribunes. En effet, l’Aréna cache sous ses gradins une multitude d’espaces dont les loges, les locaux du club de basket résident ainsi qu’une salle d’entraînement, permettant une optimisation maximale des espaces. Enfin, une couronne entourant la salle accueille la zone des pas perdus. De ces espaces baignés de lumière naturelle, la peau ondulée est visible de son intérieur, faisant apparaître la structure tri dimensionnelle en premier plan cette fois-ci.

Véritable couteau suisse de l’événementiel, le projet CO’Met a su, par son ingéniosité spatiale et technique, relever le défi de la multi programmation. “Il existe assez peu de projets pour lesquels nous avons été sollicités et pour lesquels nous n’avons pas pu trouver de solutions. Cela veut dire que l’ensemble est bien pensé et permet d’appréhender toutes les configurations dans notre métier de l’événementiel”, conclut Paul Sechaud.

 

 

 

  • Calendrier :
    • Lauréat : 2017
    • Livraison : 2023
  • Surface de plancher totale : 52 000 m2, 20 ha espaces extérieurs (parvis, hall, parkings)
  • Coût global d’opération : 140 M€ TTC
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