Le Majestic

Scène de Montereau

Toutes les photos sont de © Patrice Morel

La ville de Montereau-Fault-Yonne s’est dotée d’un nouveau lieu de spectacle qui annonce le début d’une action culturelle inscrite dans le temps. Un élan dynamique va s’installer avec une programmation ouverte et de qualité, le Majestic ayant pour ambition d’être un projet fédérateur, rassemblant les différentes populations. L’architecture de la salle a été pensée dans une polyvalence spatiale et multifonctionnelle.

Parvis, façade principale, entrée publique

Parvis, façade principale, entrée publique

D’un projet à un autre

Le programme puis la construction du Majestic se sont échelonnés sur deux mandatures municipales. Depuis 2011, date du lancement du concours, jusqu’à son inauguration en 2022, la définition et la nature du lieu ont évolué. Pensée au départ davantage pour l’opéra, la salle est aujourd’hui devenue multifonctionnelle pour une programmation plus ouverte. Mais cette évolution n’a pas été sans conséquence pour les conceptions architecturale, scénographique et acoustique qui ont dû s’adapter aux nouvelles exigences.

L’Atelier Novembre gagne le concours en novembre 2011. L’équipe avait déjà été choisie pour la construction du bâtiment de parking adjacent au terrain du Théâtre. Jean-Hugues Manoury a été associé pour la scénographie jusqu’à la phase APD, reprise en DCE par Michel Marty de Scénarchie qui redéfinit les équipements scéniques. L’Atelier Novembre, composé de Jacques Pajot et Marc Iseppi, a notamment conçu le 104, dont l’AS a parlé dans plusieurs articles. Dans ce processus, c’est la Ville qui a porté entièrement le projet en établissant le programme. Il n’y a pas eu de mission d’AMO, d’où le temps long de son élaboration pour une ville qui découvrait le programme complexe d’un bâtiment de théâtre. L’équipe d’architectes a, par conséquent, géré les différentes options à choisir, notamment le changement des spécificités de la salle. “Au début, dans le programme, cette salle devait être un opéra pour la ville de Montereau, ce qui n’était pas raisonnable. Donc il fallait faire de cette salle une salle polyvalente dans l’usage. Nous sommes souvent amenés à travailler sur des programmes hybrides, atypiques à géométrie variable. Ici, nous avons fait en sorte que la salle puisse s’adapter à différents programmes et configurations : théâtre, concerts, musique amplifiée, spectacle debout, aller jusqu’à des repas de quartiers et repas d’anciens, discours du maire, …”, précise Jacques Pajot.

L’équipe de direction fut nommée tardivement, au mois de septembre, alors que le bâtiment allait être livré au mois de mai. “C’était un soulagement pour nous d’avoir des interlocuteurs avec qui nous avons pu faire différentes mises au point et revoir des éléments de la scénographie. L’équipe nous a beaucoup apporté dans cette souplesse programmatique et nous souhaitions faciliter leur travail comme la motorisation de la fosse qui ne l’était pas au départ”, précise Marine Guitton, cheffe de projet.

Elévation niveau foyer haut et bas, parvis sud

Elévation niveau foyer haut et bas, parvis sud

Les principes du projet architectural

Le site, anciennement celui de la Faïencerie – le parking s’appelle d’ailleurs ainsi –est situé au cœur de la ville basse de Montereau. L’implantation du Théâtre crée une nouvelle centralité. Le terrain présentait différentes contraintes. En co-visibilité avec l’église de la Ville classée monument historique, la hauteur du bâtiment ne pouvait dépasser 14 m et, à cause de la présence de l’eau de la Seine, il n’était pas non plus possible de creuser. Par conséquent, la hauteur de la cage de scène était limitée et ne pouvait pas avoir d’échappée. Il y a juste l’émergence de la cage de scène, en blanc, pour la faire disparaître. D’autre part, les dimensions de la parcelle n’étaient pas tout à fait adaptées aux exigences dimensionnelles d’une salle de 700 places. Faute de place, le lieu manque d’espace d’arrière-scène, de lieux de stockage et de salles de répétition. La ville va mettre à disposition du Théâtre d’autres locaux comme des espaces de répétition, afin de pouvoir accueillir des résidences.  Le Théâtre espère aussi un projet d’extension. Jacques Pajot précise : “Notre idée était de faire le plus compact possible et le plus collé vers le fond de la parcelle pour libérer un parvis le plus ample possible à l’avant, côté ville. Nous voulions surtout qu’à l’intérieur la circulation en boucle soit possible”.

Foyer bas, bar

Foyer bas, bar

Au départ, il était prévu une cour fermée avec une toiture sur l’aire de livraison qui aurait d’ailleurs fait la liaison entre le parking et le bâtiment. Mais le projet a été abandonné. Le lieu est composé de trois parties : le cœur est la salle dans une coque de béton, les foyers sont entièrement ouverts sur l’espace public pour avoir un dialogue avec la ville et à l’arrière sont situés les espaces servants et, à chaque niveau, l’espace public et privé. Un seul matériau pour le sol a été utilisé pour un parvis filant. La façade vitrée du hall est courbée avec des lames verticales comme brise-soleil, “comme un rideau de scène” qui donne l’impression d’un pliage métallique. Le décalage du premier étage du foyer marque l’entrée qui est ainsi protégée. La toiture de la salle est recouverte de panneaux photovoltaïques.

Le foyer, trois en un

Le foyer a été redéfini avec des programmes qui ont été rajoutés en cours de chantier. Dans le cadre du partenariat avec le Parc de La Villette, un programme qui s’intitule Micro-folie propose des conférences sur l’histoire de l’art, des thématiques artistiques et culturelles en projection, jusqu’ici présenté dans un lieu excentré de la ville. Ceci répondait à la volonté du maire de promulguer le Théâtre comme un espace de rencontres. Pour cela, un grand écran est installé dans le hall mais dissimulé derrière un rideau, élément plus léger, afin de ne pas casser le volume. La ville de Montereau était un haut lieu de la fabrication de la faïence, dont il existe un musée, assez peu fréquenté. La Ville a souhaité faire une sélection de quelques pièces de faïence et les exposer au Théâtre. Ainsi, le public peut voir une partie de la collection. C’est en cours de chantier qu’il a été décidé d’installer les vitrines au premier niveau du foyer. “Dans une des vitrines, nous pouvons voir des plâtres que le directeur fait signer à chaque artiste qui passe au Théâtre”, précise Marine Guitton.

Le hall s’organise sur deux niveaux et se déploie comme une galerie de promenade autour de la salle, accessible par deux escaliers de chaque côté de la façade. L’accès à la salle s’effectue par quatre entrées, partie basse et partie haute.

Grande salle

Grande salle

Grande salle

Grande salle

Polyvalence d’usage et d’espace

La représentation théâtrale reste l’élément principal de la salle mais, par le choix des configurations multiples, la volonté était de s’adresser à un public élargi et d’apporter aux habitants de Montereau une programmation variée. Même si cette option avait été énoncée dans le programme, elle n’était pas maîtrisée. Nous l’avons organisée et cadrée. Mais au-delà de la partie opérationnelle, nous nous sommes posés la question de l’ambiance que nous voulions donner à cette salle.

Cour logistique

Cour logistique

La polyvalence d’usage exige une transformabilité spatiale et acoustique. Différentes configurations d’espaces et de jauges sont rendues possibles. Les sièges sont organisés en trois parties dont deux rétractables. La première configuration, d’une jauge de 708 places, est surtout réservée aux représentations théâtrales. Le dernier siège se trouve à 22 m du nez-de-scène, avec une bonne visibilité, pour une ouverture de cadre de scène à 18 m. Quatre rangs peuvent se rétracter sous un plancher motorisé et créer une fosse baroque de 1,20 m de profondeur ou une avant-scène. Des gradins sont rétractables dans la deuxième partie de la salle et se rangent sous la partie fixe des gradins hauts. Cette configuration permet ainsi des représentations avec une jauge de 300 places assises et 1 000 places debout, pour des concerts de musiques actuelles. Mais le lieu, polyvalent, peut aussi être utilisé pour d’autres rassemblements et événements. Les parois de la salle, très travaillées en bandes verticales, alternent parois réverbérantes et absorbantes avec des rideaux qui couvrent la totalité de la salle, mécaniquement. La manipulation en est très aisée. Les entrées en scène s’effectuent par deux portes sur le mur du lointain, qui servent aussi de sorties de secours, et une autre à la face, avec sas. Le terrain ne permettait pas d’avoir une vraie arrière-scène, plutôt un espace latéral pour la livraison des décors. Autour du plateau sont aménagés les locaux techniques. Par cette contrainte, il y a peu de place pour installer des espaces pour l’artistique à l’arrière-scène (loge de changement rapide, foyer d’attente, …). Les bureaux de l’administration se trouvent au premier étage ainsi que les loges (deux loges collectives et deux individuelles) et un accès direct au foyer. Ceux des techniciens sont au deuxième étage avec un espace pour le catering.

Axonométrie intérieure, les entités fonctionnelles - Document

Axonométrie intérieure, les entités fonctionnelles – Document

Charles Templon, directeur du Majestic, souhaite développer différents projets : la programmation de l’inauguration en a donné le ton. Ce lieu de spectacle est le début d’une politique culturelle encore plus ambitieuse dans les années à venir.

Plan masse – Document

Plan masse – Document

 

 

Générique :

 

  • Surface : 2 700 m2 SP
  • Coût : 13,5 M€ HT
  • Concours : novembre 2011
  • Dépôt PC : mars 2015
  • Démarrage du chantier : janvier 2020
  • Livraison : mai 2022
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